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mercredi 26 janvier 2011

Les interets divergeants mais où est l'interet de la Tunisie

Les acteurs ces derniers jours sur la scène tunisienne sont tellement nombreux et ayant des intérêts divergeant ... que l'intérêt de la Tunisie se perd. L'intérêt de la Tunisie n'est pas dans l'intersection des intérêts encore moins dans l'union. Dans ce qui suit, je vais essayer de m'attarder sur 4 groupes principaux dans les évènements de cette période (du 16-26 janvier). Il s'agit des personnes composants "la caravane de la liberté", le gouvernement de Mohamed Ghanouchi, les RCDistes, l'UGTT. Je vais essayer d'être neutre (ce qui me parait un peu difficile). Je vais essayer de prendre le point de vue que je perçois du groupe.

La Caravane de la liberté:
Elle se compose de certains membres des familles de martyrs de la révolution, de jeunes chômeurs, des syndicalistes honnêtes, des militants, des gens venus de tout bord de la Tunisie mais essentiellement des zones sinistrés du mal-développement ou du non-développement que connaissent des zones entières de notre pays.
Ils campent sur leurs positions parce que cette révolution leur appartient et ont senti qu'elle commence à partir dans tous les sens et qu'ils vont être oublié au bout de quelques semaines. Des gens qui ne se soucient pas de l'article 56 ou 57, ils se soucient beaucoup plus du sang de leurs enfants qu'il ne se perd pas entre les rouages d'une bureaucratie. Pas par vengeance loin de là, mais par justice. Ils défendent à cœur un gouvernement sans RCD parce que le RCD représente pour eux toute la cupidité, toute la main mise sur leur vie, le fardeau, le synonyme de l'injustice peut être aussi l'incarnation de l'injustice. Une injustice matérialisée durant des années par un policier au solde du RCD pas au service du citoyen, un omda, un délégué, un gouverneur tous RCD qui servent les intérêts des RCDistes et uniquement les RCDistes. Un RCD à travers ses structures et ses représentants et indics faisaient un chantage aide contre allégeance, soutien contre soutien, service contre racket.
Des citoyens tunisiens qui sont sur le lieu symbole du pouvoir "Place du gouvernement", un lieu depuis des siècles étaient l'origine des maux de ses régions.
Des mères à qui on a volé un enfant, des jeunes à qui on a volé un rêve, des habitants à qui on a volé des richesses, tout ce monde ne veut pas se voir voler sa révolution.
Des concitoyens avec qui je ne partage peut-être pas tout mais envers qui j'ai du respect et de l'amour. Celui qui n'a jamais été chez eux, dans l'autre Tunisie, ne réalisera pas la portée de ce que j'écris.
C'est un mouvement de cœur et ne dites pas à une mère qui a perdu son enfant que l'économie va flancher parce que toute l'économie ne vaut pas un cheveu de son enfant.

L'UGTT:
Par l'UGTT, je veux désigner le bureau exécutif ou le comité administratif ou Abdesselam Jrad, les représentants de la structure entière.
Les syndicalistes honnêtes ne sont pas inclus dans cette partie, ceux qui -partout dans la Tunisie- soutenaient le mouvement sans calcul politique. Ceux qui ont pris des coups de matraques dans des manifestations, ceux qui ont parlé sans peur, ceux qui ont fait avancer le mouvement à son stade ultime la révolution.
Je veux parler des Jradistes, des récupérateurs, de ceux qui parlaient des criminels, ceux qui ont monté le son des baffles à la place Med Ali, ceux qui ne voulaient que des slogans syndicaux dans les manifestations et non pas des slogans politiques, ceux qui ont vu dans les propos de Ben Ali une vision prospective le 11 janvier, ceux qui étaient d'accord pour entrer au gouvernement mais qui ont fait un faux-bond juste après.
Pourquoi un faux bond ? Pourquoi ils ont faussé compagnie après accord? Ils veulent se racheter auprès de leurs bases. La base était contre les positions de la direction, la base ne soutenait pas le gouvernement. L'UGTT a suivi sa base, vous me direz que c'est normal? L'UGTT ne suivait pas la base dans le passé dans le soutien indéfectible à Ben ALI. Vous me dites l'UGTT a refusé d'entrer au Chambre des conseillers -dans le passé- je vous dis non, l'UGTT a refusé se soumettre au vote pour ses candidats, elle a voulu désigné des représentants alors que le règlement imposait une liste plus large (les 3/2 des places, si je ne me trompe pas ) et un vote d'un collège électoral.
L'UGTT, jadis, était muet on l'entendait presque jamais aujourd'hui il est revendicatif de tout et n'importe quoi. Les trois coups lâches dans l'histoire : de un, une grève sauvage de la Transtu pour des revendications qui n'ont rien avec la révolution, les martyrs tombés ne l'ont pas été pour une titularisation des agents de la Transtu au bout des 6 mois, loin de là. Ensuite, une grève des policiers !! du jamais vu, le pays était dans une situation dramatique et nos policiers et gendarmes nous font une grève en réclamant une fédération sous l'UGTT (Une excellente mise en scène). Le must, était le gréve des enseignants du primaire et du secondaire avec des revendications purement politique qui n'ont rien à voir avec les élèves et les enseignants. Remarquez bien que l'UGTT ne veut pas des slogans politiques -sous Ben Ali- mais fait des revendications politiques -Après Ben Ali-.
Pour ceux qui lient le 14 janvier à l'UGTT, j'ai le plaisir de vous rappeler que l'UGTT a appelé à un débraillage sur le lieu de travail le 14 janvier de 9 à 11H sur le grand Tunis, pas à une gréve générale encore moins à une quelconque manifestation.
Ne parlez pas d'économie pour l'UGTT, les syndicalistes sont payé rubis sur ongles, eux ils connaissent ni chômage, ni crise. Défendre le travail des autres ? ça sera pour une autre occasion. L'UGTT représente l'avidité du pouvoir de ces dirigeants, pourquoi aucun syndicaliste ne crie "Jrad dégage"? Ils craignent une autre opération "TAJRID"?

Le RCD:
Parti au pouvoir depuis indépendance, le RCD aujourd'hui est un parti sans idéologie. Ben ALi voulait des "applaudisseurs", il a vidé le parti de sa substance, de ses militants d'un certain niveau intellectuel. Il les a cantonné dans le rôle des spectateurs. Par contre il a créé une armée de petit bras, de mercenaires ou de voyous qui vivent ou vivotent grâce à lui: les indics, les bandits, des gens qui ce se sont greffé sur le système Parti-Etat pour s'assurer des rentes, des positions confortables, une vie au frais de la princesse. Les mêmes qui ont rendu la vie des tunisiens plus dur, moins confortables et moins paisibles, les passagers clandestins du système ceux qui consomment sans payer.
Dans mon raisonnement, je ne désigne pas et je n'englobe pas les hommes honnêtes. Ceux qui ont été destouriens et qui le sont, ceux qui sont convaincus d'une histoire ou d'une idéologie. Des gens que j'ai connu dans ma petite vie, à la faculté ou ailleurs. Des amis ou des collègues ou mêmes des connaissances que je respecte pour l'honneteté de leur conviction.
Ceux qui avaient des intérêts vitaux au RCD ne lâcheront pas le morceau. Si le RCD n'est plus l'ETAT, ils perdront leurs privilèges, leurs trains de vies, leurs postes. Si le RCD disparait, ils perdront gros. Ils n'ont pas une autre vie, c'est un combat de survie pour eux. Cette révolution va bousculer leurs vies, elle va les détruire. Ils n'ont rien à faire avec une liberté d'expression qui ne va pas les nourrir. Certains sont parvenus à renverser la veste et sont devenus autre chose que RCDistes en quelques jours, certains ont soutenus le gouvernement en attendant des jours meilleurs, d'autres sont déterminés à faire capoter tout. En Semant le chaos, ils ont plus à gagner, ils ont déjà tout perdu ou presque. Le discours du patriotisme et de l'intérêt national ne passera pas ils ont une certitude de l'avenir, ils vont perdre leurs acquis, et leurs positions confortables. Ces gens là ont l'habitude aussi d'être en contact avec un certain type de fonctionnaire ou agent de l'État qui risque de perdre une partie de ses avantages ou d'influence, ils ont l'habitude de bosser ensemble. Ils pourront bosser ensemble pour créer la zizanie et rappeler les gens du "bon souvenir" d'avant le 14 janvier. Les évènements du 26 janvier à la Kasbah ne sont pas étranges aux méthodes de cette frange de personnes.

Le gouvernement:
Le gouvernement de Mohamed Ghannouchi est trop faible et s'affaiblit de jour en jour et l'une des raisons est Mohamed Ghanouchi lui-même. Mohamed Ghnouchi est un commis d'État, un haut fonctionnaire, il n'est pas un politicien. Il est dans la politique parce qu'il était un brillant fonctionnaire, un bon serviteur, un homme d'ombre efficace. En 24h, il se retrouve sous le feu des projecteurs, l'homme qui décide, qui doit trancher, l'homme le plus important dans le pays (avec le General Rachid AMMAR). Il est rapidement dépassé par les évènements, il a 24 à 48h de retard sur les évènements. Il n'a pas pu anticiper les problèmes, et n'a pas été pro-actif. Il a suit les revendications et ne s'est pas mis en avant. Il a donné des mauvais signaux. Mohamed Ghannouchi est un homme que je respecte énormément. Feu mon père le comparait Monsieur Rachid SFAR et je pense qu'il a raison. Mais ce gouvernement, qui peut être déjà remanié à l'instant où vous lisez ce document, n'a pas que Mohamed Ghannouchi comme défaut. Ce gouvernement souffre de la -trahison- de l'UGTT, de la mauvaise réputation des ministres qui le composent (Bouden, Grira, Medhafer, Bouraoui), de la sortie catastrophique de Friaa à la télé, du manque terrible de la communication, de la forte présence des deux présidentiables (Chebbi et Ibrahim) à la télé pour se vendre. Sur le terrain, et c'est le plus grave, ce gouvernement ne contrôle pas le pays, au mieux il contrôle réellement 30% du pays. Il n'a aucun pouvoir réel sur les gouvernorats dont certaines sont sans autorités locales. Il n'a aucun pouvoir sur certains ambassadeurs qui sont au solde de l'ancien régime. Un gouvernement qui est entrain de découvrir l'appareil de l'État y compris pour Ghannouchi. Un gouvernement qu'une partie des tunisiens refusent, une partie veulent en finir au plus vite avec, une partie soutiennent, et une autre qui s'en foutent. Un gouvernement à qui il faut du temps, mais qui ne l'a pas et personne n'est prêt à lui en donner.
Pourquoi Ghannouchi et son gouvernement ne lâchent pas ? Ils ne cherchent pas l'intérêt national ? Ils jouent pour qui ?
Ghannouchi est un commis d'État, il s'est investi d'une mission -la transition démocratique- il veut la finir et partir. Il ne conçoit pas peut-être un départ avant la réalisation de sa mission. égoïste -peut-être- il cherche une consécration ultime ? Ce n'est pas l'image de l'homme mais !!
Je pense qu'il a une vision tronquée de la réalité, que l'intérêt général recherché par ce gouvernement n'est pas sujet de consensus : il n'est pas assez explicite ou il n'est pas assez compris.
Ce gouvernement va faire une marche en arrière avec ce remaniement si les revendications ne baisseront pas et si il reculera sur d'autres points. Il défendra un intérêt national biaisé et il vaut mieux qu'il précipitera le calendrier et convoquera des élections présidentielle avant le 17 mars ça lui relâchera au moins une partie de la pression et permettra au pays de sortir d'une impasse. Avec une telle mesure, il prendra les devant et ira dans un consensus tunisien d'avoir des élections libres qui sauvera la révolution et nous pourrons se tourner vers une vraie marche pour le développement.

J'ai pas forcement une conclusion à tirer, les principaux protagonistes sur le terrain sont là. Y'a aussi l'armée, la majorité silencieuse, les "révolutionnaires virtuelles", les parasites, les miliciens freelence, les casseurs/voleurs indépendants, et d'autres protagonistes qui auront un mot à dire et donneront peut-être un autre son de cloche si c'est les urnes qui décident et non pas la rue.

ça fait tard déja, je vais dormir.

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