dimanche 30 octobre 2011

Les résultats des éléctions et la situation post-electoral

Dans cette journée de dimanche durant laquelle la pluie qui s'abat sur toute la Tunisie, j'ai commencé par une mauvaise nouvelle. Le mandat de dépôt du tribunal militaire égyptien contre Alaa Abdelfattah, l'activiste égyptien qui a refusé d'être interrogé par un tribunal militaire puisque c'est un civil. J'ai lu la nouvelle sur twitter dés le début de ma journée. Et Alaa est un tweeple que j'apprecie pour sa personne modérée et respectueuse.
Ce qui se passe en Egypte, donne une petite idée sur la différence de parcours choisis entre la Tunisie et l'Egypte. Ca n'était pas vraiment le choix du peuple égyptien mais c'est clair que l'armée ne voulait pas céder le pouvoir. La volonté d'une majorité des tunisiens d'aller rapidement aux urnes pour élire, s'est concrétiser après neuf mois et nous avons la première assemblée pluraliste démocratiquement élu depuis indépendance.
Les résultats ont étonné plus d'un et moi personnellement je le suis. J'avais prévu (ou souhaité) une assemblée avec un équilibré entre forces antagonistes mais nous avons un mandat clair et explicite du peuple pour l'axe Ennahdha-CPR de la part du peuple. Et ce n'est pas plus mal.
Le résultat d'Ennahdha est sans appel, et parler des dépassements me parait de la surenchère puisque les partis concernés ont accepté la défaite et se sont rangés dans l'opposition. Et personnes (à ma connaissance) n'a déposé un recours au niveau du tribunal administratif pour annuler les listes d'Ennahdha. S'il y a des recours le tribunal jugera la recevabilité et les arguments.
Les résultats eux memes ont créé un onde de choc, pour deux raisons:
- Le score d'al Aridha que personne n'a vu venir.
- Le score du PDP et PDM qui est une surprise.

Ce résultat a generé des commentaires que je trouve indécent:
- Des insultes envers les électeurs d'Ennahdha et Al Aridha,
- Une minimisation de la victoire d'Ennahdha sous prétexte que le taux de participation est de 45% des électeurs et qu'elle a eu 37% des votes, ca me pousse à comparer ce score avec ceux qui ont 5% des votes ca lui fait quelques de milliers de votes.
- Parler des irrégularités généralisées,
- Des insultes envers ceux qui n'ont pas eu de place dans l'AC et qui ont recolté des votes (30% des votes),
- La stigmatisation de ceux qui n'ont pas votés (Plus que la moitié des inscrits sur les listes).

Les problèmes qui ont suivi l'annulation des listes d'Al aridha (dans 6 circonscriptions) et le comportement indigne des journalistes lors de l'annonce en conférence de presse donnent une idée sur le décalage entre une "élite" vivant en décalage par rapport aux problèmes et attentes des citoyens.

Les tunisiens ne se partagent pas les mêmes préoccupations certains ont des besoins d'estimes et de réalisations de soi alors que d'autres ont des besoins physiologiques de premières nécessité et des besoins de sécurités et le chemin entre les deux groupes est long et nécessite des années de travail sur le terrain et sur les mentalités.



lundi 24 octobre 2011

Le 23 Octobre une journée inoubliable

C'est une nouvelle Tunisie qui a commencé hier. Je veux partager avec vous un peu de ma journée spéciale.
Une journée d'un chef de centre de vote. Une journée intense, en travail et en émotion.
J'étais appelé par l'IRIE le samedi vers 23h pour me présenter à 6h de matin à un bureau de vote. Un programme non prévu.
En arrivant sur place, le lieutenant de l'armée me reproche de ne pas venir la veille et n'a pas compris le fait que j'étais pas au courant.
Dans le centre, je trouve 2 personnes si Lotfi et Mlle Mariem. Nous avons suivi les instructions de si Lotfi pour la préparation de la salle. Puis l'IRIE m'appelle pour me désigner directeur du centre !!! Je ne comprenais rien.

Un peu de rétrospective est nécessaire. J'ai déposé mon dossier pour la participation à l'encadrement des élections, mais mes engagements ne m'ont pas permit d'assister à la formation. C'est très sympa de se trouver dans la gueule du loup à 6h20 du matin. La raison de tout ca est que certaines personnes se sont désistées à la derniére minute ou ne se sont pas presentées le jour J.

6h15 un autre membre débarque, c'est Seif ALLAH, un jeune extraordinaire. on se partage les taches Si lotfi et Mariem Bureau du vote N°2 et moi et Seif le bureau 1. Les observateurs débarquent et les représentants des partis.  
7h00, un des observateur fait son premier vote, puis les représentants des listes.
7h05, la première personne entre dans le bureau et la journée commence. Un coup d'oeil et une marée noir de citoyens dans la cour et la queue a atteint rapidement une centaine de personne. Nous avons bossé non STOP et sans répit jusqu'à 17h. Nous avons été aidé par le renfort de Si Cherif puis par un renfort de l'IRIE de deux jeunes de 19 ans dans les bureaux et de deux ouvriers de l'école pour organiser les rangs.
19h05, le dernier électeur a mis son bulletin dans l'urne. Il quitte la salle, nous commençons la procédure de clôture. Nous avons fait la procédure de clôture en presque en 30 minutes  puis nous avons pris une petite pause pour diner. et rebelote. Nous avons commencé le tri à 20h12. Vers minuit le bureau 2 termine le tri et me rend l'urne et tout ce qui va avec.
Nous avons terminé dans le bureau 1 à 2h15. Nous avons passé  un temps  agréable avec d'autres directeurs de centres où nous avons pu échanger sur le déroulement de la journée, en attendant l'arrivée des militaires. Avec l'arrivée des militaires nous avons monté avec nos urnes et nous avons livré au centre de regroupement et puis direction chez moi ou j'arrive à 4h30. Une journée fatigante mais délicieuse.
Après la description, je souhaite présenter mes remarques :
  • Le role de l'armée était crucial dans toute l'étape, c'est un garant et c'est un facilitateur.
  • Les process de l'ISIE sont bien faites et bien documentés , il suffit de lire le manuel pour comprendre et exécuter 90% des taches sans erreurs.
  • Le comportement des tunisiens étaient exemplaires à 99.99%, y'a pas eu vraiment des problèmes malgré la tension et la fatigue (certaines personnes ont fait la queue pendant 4).
  • La queue était longue parce que nous avons eu une salle avec 900 électeurs et une autre avec moins de 400.  La défaillance était au niveau de l'inscription initiale. A l'avenir, il faut y remédier.
  • Seul CPR et Ennahdha avaient des observateurs fixes toute la journée (CPR 1 par bureau), aucun du PDP, Ettakatol, PDM, AFEK...
  • Une grande affluence et une participation extraordinaire des personnes âgées accompagnées par leurs enfants ou par leurs petits enfants.
  • Les mamies surtout ont pris un peu plus de temps pour trouver le bon symbole et parfois pas, mais nous étions stricts dans l'application de la règle pas d'accompagnateur. Les bulletins annulés reviennent à des mamies je suppose.
  • Nous avons eu aussi le cas d'une personne non-voyantes et une personne handicapée qui se sont fait aider.
  • En connaisseur de la zone, à la mi-journée, je voyais la tendance sauf celle du CPR.
  • Les observateurs étaient nombreux et parfois un peu encombrant surtout quand ils débarquent en nombre. 
  • Avec cette config, il aurait été mieux d'avoir une équipe pour gérer la journée et une autre pour gérer le tri (je sais ce n'est pas évident). Le tri demande plus de vigilance et est plus stressant et usant.
L'expérience est magnifique. Je suis très heureux et j'ai passé une journée avec un niveau d'émotion très élevé. Je suis Kamikaze mais je remercie les Kamikazes qui ont mis leurs confiances en ma personne.
Je remercie Si Lotfi, Seif Allah, Si Cherif, Dhia, Mariem et Seif Eddine pour l'excellent travail aussi Abdelaziz et Mahmoud (que je connais depuis que j'étais petit). Des personnes que je ne rencontrerai plus mais c'est magnifique.

dimanche 16 octobre 2011

Le 23 Octobre il faut voter, même RCD

Il faut voter même RCD. Je ne me souci pas à qui les gens vont voter. Le vote est secret. Ils peuvent voter à une liste et dire qu'ils ont voté à une autre. Nous n'avons aucune tutelle sur la conscience des personnes. L'enjeu est que les citoyens votent pour donner suffisamment de légitimité à la constituante et aussi pour assumer son choix demain.
Les gens ne votaient pas avant parce que ca serait truqué et le 23 octobre qu'elle excuse auront? Ils n'ont pas choisi? Qu'ils font l'effort, qu'ils visitent des meeting, écoutent des interventions, cherchent des programmes.
Chacun doit assumer sa part de responsabilité et mettre son bulletin de vote dans l'urne, pour bonifier la victoire de son parti, pour empêcher un autre de gagner, pour faire revenir BEN ALI, pour mettre son candidat en orbite, voter blanc pour contester. L'essentiel est d'exprimer sa position. Le taux de participation doit être supérieur à 70%. 
La participation est le premier enjeu de cette élection. Avec un faible taux de participation, la constituante aura un mandat molle, elle pourra être facilement discréditée, elle ne pourra pas changer le pays vers le meilleur.
Ceux qui ne participeront pas, n'auront pas d'excuses, ils ne peuvent rien revendiquer demain.
Peu importe la couleur politique à qui tout un chacun votera, il exprimera une position, et ca nous permettra de comprendre combien pèse chaque courant et chaque parti et combien de personnes veulent le retour de BEN ALI (plusieurs personnes le répètent devant moi et ca commence à m'énerver) . Peut être que nous sommes une minorité qui ne veulent plus de lui ?

Votons massivement, donnons à cette constituante le pouvoir et la légitimité, appuyons nos élus, que chacun décide pour l'avenir de ses enfants.

lundi 10 octobre 2011

dimanche 9 octobre 2011

Fac de sousse, Nesma, Attounissia, et les éléctions

Un peu trop d'événement polémique au milieu de la semaine passée, la première semaine de la campagne électorale. c'est un constat. La polémique autour de l'inscription d'une étudiante portant le "niqab" à la faculté des lettres de Sousse avec toute la tragi-comédie qui a entouré les prises de positions et les actions sur le terrain. D'abord, les agissements d'un certain nombre de citoyen sous l'habit Salafiste, qui ont continué leurs actions même après l'inscription de l'étudiante. Les communiqués de partis politiques et de syndicats. La volonté de politiser une procédure administrative avant tout et une règle de bon sens. Le litige a mon sens n'était le "niqab" mais le contrôle de l'identité de la personne et il peut être résolu rapidement en la présence de la bonne volonté de tout un chacun.
Le second non-evenement pour moi est la fermeture de la chaine Ettounissia. Nous sommes d'accord qu'ils sont moins merdiques que les autres chaines mais posons-nous la question autrement. C'est quoi le statut de la chaine Ettounissia? A mon avis est qu'elle est une chaine pirate, propriété de BELHASSAN TRABELSI, elle émet de la Tunisie sans autorisation. Au mieux, si elle émet de l'étranger, elle est considéré comme une chaine étrangère avec des correspondants étrangers (c'est bizarre mais c'est la réalité). La chaine n'est pas une chaine tunisienne. Elle doit rester neutre vis à vis à l'éléction. Elle a reçu le porte parole du gouvernement oui mais elle a passé en boucle des responsables de partis politiques. L'ISIE a dit qu'elle n'avait rien à voir avec ce qui s'est passé avec la chaine et que elle n'est pas partie prenante de la décision.
Ma petite réflexion est que le laisser faire de la chaine pendant la dernière période était une décision politique et que l'interdiction de la chaine et sa fermeture est une décision politico-judiciaire.
La troisième polémique de la semaine est liée au film persepolis, passé par Nesma qui a créé la polémique ou plutôt l'un des passage qui a créé la polémique qui concerne la personnalisation de dieu. Après le passage du Film une salve d'indignation sur les réseaux sociaux a été observée. La polémique s'est poursuivi le dimanche avec un sit-in devant Nesma (ou une attaque selon une autre version) qui ont tourné à l'affrontement avec la police et un certain nombre d'arrestation. Les affrontements ont continué ailleurs et sans relation semble-t-il (en l'absence d'une information fiable) à Manar, cité Romana, Jbel Lahmar et cité ibn Khaldoun.
Les trois polémiques tombent bien avec la période de la campagne électorale et aucune d'elle n'était nécessaire.L'inscription universitaire se fait normalement en septembre, Ettounissia n'aurait pas du émettre des le début, et le film n'est pas -à mon avis- nécessaire à notre débat.
Le débat pour cette élection aurait du être sur les idées mais c'est clair que la volonté d'une frange de tunisiens veut le déplacer sur l'affect et une autre frange veut le déplacer sur la ring.

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